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Près de 42 % de la SAU française serait menacée selon un rapport

Le maïs du Sud-Ouest fait partie des cultures "à risque" selon un rapport publié par le Bureau T et le Groupe Scet, filiale de la Caisse des dépôts.

Dans un rapport prospectif sur l’agriculture française à horizon 2050, les rédacteurs dépeignent un tableau alarmant face aux nombreux défis à surmonter.

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« En 2050, le visage de l’agriculture française ne ressemblera plus à celui que nous connaissons aujourd’hui » : l’introduction fait office d’avertissement, on ne lira pas que des bonnes nouvelles. Dans ce rapport prospectif publié par le Bureau T et le Groupe Scet, filiale de la Caisse des dépôts, les rédacteurs établissent les nombreux risques que l’agriculture française devra affronter mais aussi leurs conséquences possibles.

Parmi celles-ci, plusieurs chiffres ont de quoi inquiéter. À commencer par le PIB agricole, vigie du poids économique du secteur. Il pourrait chuter de 35 à 40 % en 2050 par rapport à aujourd’hui selon les calculs avancés par les analystes. Pas plus réjouissant, les rédacteurs estiment que 42 % de la surface agricole utile serait menacée sur la même période et 54 départements « exposés à une profonde transformation de leur agriculture ». Comment les rédacteurs sont-ils arrivés à ces conclusions ?

Leur méthode repose sur les données départementales de 24 productions végétales sur lesquelles des scores d’impact sont appliqués. Plusieurs facteurs sont pris en compte : climat, conditions de production, demande, démographie et marché du travail, chaîne de valeur et règlementation. Les résultats sont ensuite modérés selon « le niveau de vulnérabilité de chaque territoire ». Parmi les cultures « à risque » se trouvent le maïs du Sud-Ouest face à la raréfaction de la ressource en eau, les pommes de Normandie avec des exploitants vieillissants ou encore le colza en Centre-Val de Loire avec la pression climatique de plus en plus forte.

Les menaces en escadrilles

Les données extraites mettent en lumière les difficultés bien connues de l’agriculture française. La perte de compétitivité d’abord, avec des problèmes de « valorisation à l’export », de « tensions géopolitiques » ou encore « la structuration parfois inadaptée des chaînes de valeur ». Viennent ensuite « la déprise agricole » avec les difficultés de transmissions et les problèmes de recrutement pour les productions nécessitant beaucoup de main-d’œuvre et les coûts de production élevés, couplés aux « contraintes budgétaires des ménages par l’inflation des produits alimentaires ». Et enfin la réglementation qui « tend à se complexifier, et génère des tensions entre acteurs sur plusieurs lignes » listent les rédacteurs.

Comme si cela ne suffisait pas, les analystes rappellent la menace qui pourrait faire ombrage à toutes les autres : le changement climatique. « Précipitations insuffisantes ou excessives, raréfaction des ressources en eau notamment aux périodes critiques, hausse des températures moyennes et extrêmes accentuant les besoins en eau sous l’effet de l’évapotranspiration, assèchement des sols, intensification des aléas climatiques et événements extrêmes » viennent assombrir encore davantage le tableau.

Deux issues

Ce destin peu reluisant est à interpréter dans un scénario « sans évolution majeure du modèle agricole français ». Les rédacteurs dessinent ainsi deux scénarios pour s’adapter aux obstacles listés plus haut, voire les contourner. « Deux visions polarisées émergent : un scénario de marché et un scénario de planification écologique » est-il proposé. Dans le premier, des exploitations « firmes » prennent le pas sur les exploitations familiales et « deux types de filières subsistent : celles qui reposent sur une stratégie de production de masse à bas coûts, requérant des investissements pour développer les rendements ; et les filières à forte valeur ajoutée reposant sur une production limitée ».

Pour la deuxième vision, « l’agriculture porte un ensemble de missions en lien avec la préservation de l’écosystème ». Les émissions de CO2 sont réduites, l’État « renforce sa maîtrise du foncier agricole et forestier » ou encore « les collectivités portent le développement de chaînes de valeur locales ».

La vérité se situera certainement quelque part entre ces deux issues. « L’équilibre à trouver entre ces deux visions déterminera non seulement l’avenir de l’agriculture, mais aussi celui de l’aménagement des territoires, de l’alimentation et de la souveraineté nationale » conclut le rapport.

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